Annoncé en grande pompe début 2011 via le magazine américain gameinformer, Dishonored aura tout de même mis pas mal de temps avant de convaincre les journalistes puis le grand public de son potentiel. C'est un long travail de communication et de développement qui auront été nécessaires pour faire du jeu ce qu'il est devenu aujourd'hui. Avec autant de personnes talentueuses sur un même projet l'issue était pourtant inévitable.
Dishonored est avant tout le projet d'Arkane Studios, un studio français talentueux certes, mais dont les jeux ont souvent souffert du manque de soutien des éditeurs. Arx Fatalis ou même Dark Messiah of Might & Magic (rien a voir avec mon pseudo) sont autant de jeu du studio qui n'ont pas eu le succès commercial mérité. La meilleure chose arrivée à Arkane Studios c'est d'avoir trouvé un éditeur comme Bethesda Softworks qui leur a fourni le temps et l'argent nécessaire pour faire de dishonored le meilleur jeu possible. Mais l'argent ne fait pas tout, Bethesda a aussi mis ses connaissances dans le développement pour assister l'équipe d'arkane studios, on sait pas exemple que Todd Howard, responsable de the The Elder Scrolls, a aussi aidé sur le projet.
Rajouter à cette équipe, Harvey Smith qui a travaillé sur les 2 premiers Deus Ex et Viktor Antonov concepteur de la Cité 17 dans Half-Life 2 et vous comprenez bien pourquoi Dishonored n'arrive pas ici par hasard.
L'histoire de Dishonored prend place dans un archipel de 4 îles toutes dirigées par un gouvernement impérial qui a ses quartiers à la capitale, Dunnwall. C'est d'ailleurs là que se situera l'intégralité de l'intrigue du jeu.
Dunwall est une ville néo-industrielle qui doit son essor grâce à l'huile de baleine qui se trouve être la source d'énergie utilisée dans le jeu. Mais l'âge d'or est bien révolu alors que la ville est en proie à une épidémie de peste que l'on dit propagée par les rats.
Vous incarnez Corvo Attano, le garde du corps de l'impératrice. Manque de chance, l'histoire du jeu débute alors que vous assistez impuissant à son assassinat et à l'enlèvement de sa fille, unique héritière du trône. Cet acte, véritable coup d'état, a été organisé par le Maître-espion qui a pu ainsi prendre le pouvoir en tant que Lord Regent. Accusé à tort du meurtre de l'impératrice vous croupissez en prison en attendant votre mise à mort. C'était sans compter sur un groupe de fidèles à l'ancien gouvernement qui arrivent à vous faire sortir des geôles. vous n'avez alors plus qu'une idée en tête, vous venger et mettre la fille de l'impératrice au pouvoir.
Vous l'aurez compris, la base même de scénario de dishonored a été vue et revue (accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis il cherche à se venger). Même le cliffhanger qui arrive en cours de jeu est super prévisible. On pardonne par contre facilement ce manque d'originalité par le background du jeu. Dans un sens ça me fait penser au film Avatar, le scénario a été vu 1000 fois mais l'ambiance générale compense largement ce défaut. En ce sens il faut saluer le travail magnifique de Viktor Antonov qui a réellement donné une âme au jeu en donnant son aspect à la ville de Dunwall.
Point un peu moins pardonnable, l'introduction du personnage énigmatique de l'Outsider qui donnera ses pouvoirs à Corvo. Beaucoup des aspects du jeu (les Superviseurs, l'Abbaye du Quidam) reposent sur l'existence de ce personnage et rien ne sera révélé sur lui même à la fin. Ça peu donner une bonne base pour faire une suite mais c'est un peu décevant.
Dans Dishonored, votre personnage possède de nombreux pourvoir qui se révéleront être à la base du gameplay. Téléportation, possession, pli temporel...sont autant d'options qui vous permettront d'aborder le jeu d'une façon bourrine en tuant tout le monde (fun mais déconseillé) ou par l'infiltration (plus complexe mais plus gratifiant). dishonored vous impose d'ailleurs ce choix morale tout au long du jeu. En effet le titre est décomposé en plusieurs missions qui sont en fait des contrats où vous devez rendre "impuissant" une ou plusieurs personnes. Je dit bien rendre impuissant, pas forcément tuer. Chaque mission peut donc être abordée à votre convenance si je prend par exemple le premier contrat qui est consacré au superviseur, vous pouvez soit l'empoisonner, soit le tuer directement, soit lui apposer la marque des hérétiques et ainsi lui faire perdre son pouvoir politique sans le tuer.
Forcements certaines de ces possibilités impliquent que vous vous rendiez discrètement dans un lieu et donc de ne pas vous faire repérer. Il vous faudra alors mettre à contribution vos pouvoirs, libre a vous de prendre possession d'un rat ou de sauter de toit en toit avec la téléportation pour vous infiltrer dans le bâtiment...Dishonored vous laisse une liberté rarement vue dans un jeu. Ainsi les missions peuvent être terminées rapidement ou durer plusieurs heures. Il faut aussi saluer le level design proprement parfait du jeu qui laisse le joueur suffisamment libre de ses mouvements, et même si certaines façon d'aborder une situation sont rendues évidentes pas l'implantation des niveaux on n'a jamais l'impression d'être pris par la main à l'inverse d'un deus Ex par exemple.
Vos actions auront ainsi des répercutions à la fois sur la ville de Dunnwall (plus vous tuez de monde plus la peste prend de l'ampleur) et sur la fin (si vous tuez beaucoup de monde vous aurez la "mauvaise" fin). Faut-il donc parler des armes (épée, arbalète, pistolet, mine, grenade..) que vous devrez à mon sens utilisé avec parcimonie ?
Pour ne pas vous rendre la tâche trop facile, tous vos pouvoirs ne vous sauront pas donnés dès le début, ils vous faudra trouver des runes généralement bien planquées afin de les acquérir ou les faire monter de niveau. Une façon comme une autre de faire durer le plaisir pour ceux qui voudront trouver toutes les runes.
Graphiquement dishonored n'est peut-être pas au top mais comme pour le scénario, il compense largement ses faiblesse par l'esthétique de l'ensemble, que ce soit dans les architectures, et l'originalité des lieux ou des personnages. Au final on oublie facilement les quelques textures qu'il ne faut pas regarder de trop près, et les animations perfectibles.
Côté musique on n'est pas en reste non plus, avec une BO signée Daniel Licht que l'on connaît déjà pour son travail sur Dexter. Ceux qui ont l'oreille reconnaîtront d'ailleurs certaines sonorité caractéristiques de ce compositeur.
Lorsque le gameplay, le level design, le background et l'histoire fusionnent dans un ensemble cohérent on obtient souvent de très bons jeux. C'est le cas de Dishonored qui flirte avec la perfection.
19/20
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